[Art Martiaux] Ninjutsu

Le Ninjutsu (du japonais nin: furtivité, persévérance, patience, endurance et justsu: techniqe), est l'art de l'invisibilité des ninjas (guerriers-espion du Japon féodal que la tradition représente vêtus de tuniques sombres et d'une cagoule). Originaire probablement de Chine, il est défini comme étant un art martial japonais, l(un des plus anciens et méconnus. Véritable voie de survie par la compréhension des lois de l'Univers, le véritable Nin-Jutsu n'est détenu au Japon que par quelques Maîtres.De nos jours le ninjutsu est souvent assimilé au Bujinkan et a ses derivés (Jinenkan, Genbukan) qui comportent les enseignements de neuf écoles, chacune spécialisée dans un domaine bien précis et dont seulement trois se réclament du ninjutsu (gyokushin ryu, togakure ryu et kumogakure ryu). Ces écoles sont actuellement sous la responsabilité de Masaaki Hatsumi (le plus connu des maîtres), qui vit à Tokyo et a plus de 70 ans.



Hatsumi est l'homme qui a popularisé cet art martial dans le monde entier mais surtout aux Etats-Unis et en Europe. Après la popularisation du Ninjutsu aux Etats-Unis, les pratiquants s'éloignèrent peu à peu de l'essence même de l'art martial. C'est pour cela qu'il décida de partir aux Etats-Unis accompagné de 8 de ses étudiants. Il déclarait partout que le vrai Ninjutsu n'est ni pour les assassins ni pour les personnes malfaisantes mais au contraire pour ceux qui désirent travailler pour acquérir persévérance et endurance afin de vivre plus heureux.



« En parcourant l’histoire du Nin-Jutsu sur les neuf siècles précédents, on constate que cet art était compris comme shinobu hô, ou « manière de persévérer et d’endurer ». C’est de là que vient son nom, composé de « nin », substantif correspondant au verbe « shinobu », persévérer ou endurer, et « jutsu », art ou technique. Le Nin-Jutsu se transforma ensuite en Ninpô, incluant ainsi les concepts philosophiques et religieux en plus de l’art de la guerre.
Il faut conserver à l’esprit qu’un vent « zen » souffle dans les arts martiaux. Sans cet esprit humaniste, aucun pratiquant ne peut atteindre le kanjin-kaname, secret vital du Nin-Jutsu. Le kanjin-kaname est « l’esprit et les yeux de Dieu ». Un maître d’arts martiaux doit, au cours de son entraînement, acquérir un sens du contact humain. Dès lors, la conscience qui découle de cet humanisme devient « l’esprit et les yeux de Dieu ». Atteindre le kanjin-kaname revient à comprendre la justice divine. »



Maître Masaaki Hatsumi apprenant l'art des Kuji In auprès de son professeur, le grand Maître Toshitsugu Takamatsu. Maître Toshitsugu Takamatsu était le 33e Soke de Togakure Ryu et pensait que les ninjas devaient se consacrer à la sincérité et à la justice.



« Je ne vais pas vous donner mon opinion personnelle mais vous transmettre ce que disent les enseignements de nos neuf écoles de Nin-Jutsu. Le but du bujutsu (arts martiaux) est de protéger la nation, la société et de se protéger soi-même. Le jutsu ou « la technique » est fondamentale dans tous les arts martiaux. Prenons comme exemple le kenjutsu (escrime japonaise) ; bien que le sabre soit indispensable, il est impossible de le manier uniquement grâce à la force physique. Même la simple action qui consiste à fendre du bois nécessite de la technique. C’est le mental, l’esprit qui donne vie au jutsu.
Les deux vont de paire. Il ne faut s’attendre à aucune amélioration du jutsu sans une attitude mentale droite. Elle est indissociable du jutsu. L’esprit immature est loin de la raison et sans cette dernière, le jutsu ne peut exister au vrai sens du terme.
Ceux qui prétendent être des maîtres ninjas doivent appliquer cette philosophie et la garder présente à l’esprit, car il n’existe pas de preuve matérielle plus évidente de la compréhension correcte de l’état d’esprit qui sied à la pratique des arts martiaux. Le jutsu est si subtil qu’il disparaît dès qu’on le recherche et réapparaît dès que l’on se résigne à son inexistence. Il est avec l’esprit et la raison, le fondement des arts martiaux. Le Hiketsubun qui explique ce que le ninja doit savoir et qui expose la philosophie des arts martiaux doit être considéré comme l’une des arcanes du Nin-Jutsu. J’espère que vous attachez une grande importance à « l’esprit et aux yeux de Dieu ». Pour moi, plus de cinquante années ont passé depuis que j’ai commencé à suivre la voie des arts martiaux puis celle du Ninpô. Maintenant, je suis enfin capable d’entendre la mélodie cachée dans chaque ligne écrite sur les arts martiaux. On peut comparer cette méthode à celle des anciens poèmes chinois. Elle chasse les impuretés de l’esprit, comme le ferait le son d’un koto (harpe japonaise) joué par une divine jeune femme. C’est la raison pour laquelle je vous ai présenté le plus loyalement possible, l’enseignement de mon maître sur la philosophie des arts martiaux, sans y ajouter la moindre interprétation personnelle.



« Fort » et « faible » sont des mots courants sur les lèvres des pratiquants d’arts martiaux. J’ai établi une règle pour montrer à mes élèves qu’ils doivent se conduire avec autant de droiture que possible, en accomplissant les devoirs du ninja. Pour moi, c’est cela qu’être fort signifie. Après tout, pour comprendre un héros un homme doit être un héros lui-même. Je n’apprends pas à mes étudiants à vaincre des ennemis, mais à devenir des hommes qui puissent vivre. Les mouvements en Ninpô taijutsu ne doivent pas être vus comme « forts » ou « faibles », mais plutôt comme des mouvements qui appèlent l’unité et la chance.
Ainsi, vous devez rechercher cette vérité dans le Ninpô taijutsu ce qui vous donnera cette chance, tout comme le dragon appelle les nuages (« nuage » se prononce aussi « un ») pour créer la pluie. Les bouddhistes emploient l’expression « eau de pluie sacrée » car il est dit que boire une gorgée de cette eau sacrée rend immortel. De même une interprétation ninja de cette eau de pluie amenée par le dragon considère que cette eau est envoyée par Dieu et donne l’immortalité.
Je suis très heureux de voir que le ninja boom est en train de s’estomper. Je ne veux pas que mes élèves dérivent inconsciemment de la voie du Ninpô et soient pris dans les filets du désir. Une fois que le ninja boom aura été emporté par le vents, j’espère que seuls les pratiquants sincères à la recherche de la vérité du Nin-Jutsu resteront. Je souhaite aussi que de ces chercheurs de vérité émergent un jour de véritables ninjas, pratiquants d’arts martiaux compétents, et qu’ils répandent le Bien dans le monde. Je demande aux charlatans qui exploitent le ninja boom pour leurs propres intérêts de faire bien attention à ne pas détruire l’équilibre des autres créatures vivantes. Aucun pratiquant d’arts martiaux, aucun ninja, n’aime le combat ni la violence. Un ninja dans le vrai sens du terme est un artiste qui aime et respecte la beauté de la nature et celle de l’esprit. Takamatsu sensei passait son temps à peindre et à écrire des poèmes. Beaucoup de gens l’aimaient et le respectaient. Je me souviens de ce que disaient les personnes présentes le jour de son enterrement le 2 avril 1972 : « Takamatsu sensei est-il réellement décédé ? Je ne peux le croire ». Nous pensions tous que Takamatsu sensei était une sorte de phénix. Ce jour là, pour la première fois en quinze ans, j’ai rompu mon vœu d’abstinence et j’ai bu un verre d’okiyome (saké servi pendant les funérailles). Pendant les quinze années d’entraînement avec Takamatsu sensei, madame Takamatsu me servait toujours deux bouteilles de saké au dîner ? J’ai refusé à chaque fois de les boire car je considérais que je n’en avais pas le droit tant que j’étais en formation. Depuis, j’ai souvent souhaité que nous ayons pu boire ensemble et partager ces moments de complicité. Mais à cette époque, l’entraînement était ma priorité.
Seize ans plus tard, en revenant du cimetière où nous avions commémoré le souvenir de mon maître, j’eus une longue discussion avec sa fille. Observant les cerisiers en fleurs par la fenêtre du train, elle me dit : « A chaque fois que père savait que vous veniez, il ne faisait plus attention aux cerisiers en fleurs et marchait de long en large dans la maison, attendant votre visite. Comme il était heureux de vous avoir comme élève ! », puis elle ajouta : « Maintenant vous êtes le seul disciple qu’il ait laissé. » Elle disait cela d’une voix calme comme si elle s’adressait aux cerisiers en fleurs.
« Je suivrais mon enseignement tant que je vivrais » murmurais-je en m’adressant au ciel au dessus des arbres en fleurs.
Certaines phrases de Takamatsu sensei résonnent aujourd’hui encore dans mes oreilles : « Je ne vous apprends pas à vaincre des ennemis mais à devenir un homme qui puisse vivre. Ne soyez jamais esclave des arts martiaux, prenez y simplement du plaisir. Je me demande parfois s’il existe un pratiquant sur un million qui soit capable de cela. » »



9 traditions Martiales qui regroupent 18 domaines différents.
D'après les membres du Bujinkan, les 18 disciplines ninja ont d'abord été décrites sur les parchemins de Togakure-ryū, et elles devinrent par la suite communes à toutes les écoles de Ninjutsu.

D'après le Bujinkan, le Ninja Juhakkei était souvent étudié en même temps que le Bugei Juhappan (les 18 disciplines de combats des Samuraïs). Même si certaines de ces disciplines sont les mêmes, leur techniques respectives sont utilisées différemment chez les Samuraïs et les Ninja.

Seishin-teki kyōyō (spiritualité)
Taijutsu (combat sans arme)
Kenjutsu (combat à l'épée)
Bōjutsu (combat au Bō ou baton long)
Shurikenjutsu (combat au Shuriken)
Sōjutsu (combat à la lance)
Naginatajutsu (combat au Naginata)
Kusarigamajutsu (combat au Kusarigama)
Kayakujutsu (explosifs et pyrotechnique)
Hensōjutsu (déguisement et camouflage animal)
Shinobi-iri (technique de vol et d'effraction)
Bajutsu (technique équestre)
Sui-ren (technique aquatique)
Bōryaku (stratégie militaire)
Chōhō (espionnage)
Intonjutsu (technique d'évasion)
Tenmon (météorologie et projection astrale)
Chi-mon (géographie)



Le bujinkan regroupe différentes techniques de combat :

koppô taijutsu : combat à mains nues utilisant les connaissances du squelette pour mieux blesser ou maîtriser l'adversaire ;
ninpô no ken : escrime, dont la pratique du sabre long (daïto) et du sabre court (kodachi) ;
shinobi kenjutsu : la maîtrise du sabre ninto ;
yari jutsu, so jutsu : combat à la lance ;
shuriken jutsu : lancer d'objets, tranchants (couteaux) ou pas, dont le lancer de la senban (senban nage jutsu), la fameuse étoile à pointes ;
kajutsu, kayaku jutsu : utilisation du feu (incendie, explosifs, armes à feu) ;
bisentô jutsu, naginatajutsu : combat à la hallebarde ;
kisha jutsu : combat et tir à l'arc à cheval ;
fukiya jutsu : sarbacane ;
jojutsu, bôjutsu, hambô jutsu, rokushaku bo jutsu : combat au bâton ;
suiton jutsu : Nage de combat ;
shime jutsu : Etranglement ;
shoten jutsu : Escalade et techniques pour "monter aux cieux"
onshin jutsu : l'art de se déguiser et de devenir invisible ;



ninja no kiai : union des énergies, du souffle (concept sans doute proche de celui développé par l'aïkido) ;
gunryaku : stratégie militaire;
tenmon : météorologie, astrologie ;
tonpô, goton, juton : techniques d'évasion ;
yugei : musique, peinture, danse, art de la politesse et de la conversation...
torinawa jutsu : lier l'adversaire avec une corde ;
kyusho jutsu : utilisation des doigts pour frapper les points vitaux
shinobi iri : art de l'infiltration
genjutsu et yôjutsu : art de l'illusion (s'apparentent à l'hypnose)

Il ne faut pas confondre : ninjutsu (l'art historique), budo taijitsu (synthèse moderne effectuée par hatsumi), bujinkan (nom de l'école) etc.

« Le ninjutsu ne doit pas être utilisé pour sa fortune personnelle !

Il doit être utilisé pour son pays, son gouvernement, ou bien en cas de danger, contre le mal si l'on ne peut employer d'autres moyens.

L'utiliser simplement pour son plaisir personnel ou seulement dans le but d'acquérir des richesses ne correspond pas à la technique ancestrale du maître fondateur. Aussi faut-il absolument éviter d'agir ainsi ! »

IGARYU HON KOTORYU KOPPO JUTSU

Momochi Sandayu (célèbre maître ninja)